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23 mars 2022

En forêt

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Ne croyez pas que la forêt me parle. Je me contente de lui emprunter ses murmures, le temps de remplacer un moment des mots par des feuilles et des pas qui craquent sur les brindilles, le temps de respirer le même air que le grand hêtre et les épicéas qui ont le même accent que la mer quand le vent met les voiles. Alors je respire l'air des feuilles mouillées et je vais pouvoir rentrer chez moi tout propre.

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(Petite variation sur deux poèmes extraits de deux de mes recueils, Poèmes du bois de chauffage et Aux grands jours. La première partie de cette variation s'appuie sur un poème extrait de la quatrième section des Poèmes du bois de chauffage intitulée La lune du matin et autres récits de l'homme invisible. La deuxième partie de la variation s'appuie sur un poème de la quatrième section de Aux grands jours intitulée L'alerte joyeuse).

Photo 1 : © M-CC. Photo 2 : © CC-E

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12 mars 2021

L'île des libellules transparentes

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Un soir de mai, il en a assez d'entendre crépiter la toile de son grand parapluie noir. Il décide de descendre à la mer.

 

Un autorail l'emporte loin de ses forêts, un train express l'abandonne tôt le matin dans la gare d'une ville portuaire et un autocar le dépose sur le parking d'un village aux rues sablonneuses.

 

Pendant que son parapluie finit de sécher à des centaines de kilomètres, un bon soleil l'encourage ici à acheter quelques fruits vendus par une grosse femme qui somnole sur un banc au fond d'une cahute en mauvais bois.

 

Vous êtes un des premiers vacanciers de la saison, dit-elle avant de faire rouler quelques pêches jaunes en plus dans le sachet en papier.

 

Je suis là tous les jours sauf le lundi et vous savez, c'est bien pratique si vous voulez avoir des fruits frais sur la plage ou en revenant de la baignade. 

 

Elle désigne du regard une grande dune.

 

C'est derrière, vous n'avez qu'à suivre le caillebotis. Mais peut-être cherchez-vous à vous loger ? Il y a juste en face ce petit hôtel que je vous recommande. En haute saison, il est toujours complet mais en ce moment, pas de problème. Ça vous fait deux-cinquante.

 

Il doit être onze heures et le voyage de nuit l'a privé de son petit déjeuner. L'idée d'un bon café au lait remplace toutes les autres. Pour tester un hôtel, rien de tel que de demander le petit déjeuner à onze heures.

 

Je vais voir ce que je peux faire promet une jeunette à tablier blanc et à jupe noire.

 

Depuis la terrasse fleurie de larges parasols bleus où il grille une cigarette, il la voit parlementer dans la salle, près du comptoir avec une belle femme à la cinquantaine épanouie, sans doute la patronne. Elle regarde sa montre puis disparaît de son champ de vision.

 

Une petite brise salée s'est invitée à sa table lorsque la patronne arrive avec un grand plateau. Nous n'avons plus de croissants à cette heure mais j'ai pu vous faire griller du pain. Cela vous conviendra-t-il ?

 

Un quart d'heure après, il s'allonge sur le lit d'une grande chambre claire. La porte-fenêtre du balcon ouvre sur des pins et sur des albizias odorants.

 

Un regard vers la fenêtre ouverte et sa conscience s'égare dans le gonflement des voilages.

 

Toute la chambre s'emplit d'une fraîche lumière blanche dans laquelle s'éternise son sommeil. Du moins le croit-il car à son réveil, il est à peine treize heures.

 

Il a rêvé abondamment et émerge de cette courte sieste plus fatigué qu'avant. Assis sur le bord du lit, il tente de reprendre ses esprits quand on frappe doucement à la porte.

 

Apparaît la jeunette au tablier blanc et à la jupe noire.

 

Désirez-vous déjeuner ? Moules-frites ou poisson grillé. C'est le dernier service. Il prend une douche presque froide, enfile un pantalon et une chemise propres bien qu'un peu froissés et descend sur la terrasse.

 

Il s'attable à la même place devant une assiette de sardines grillées et un pichet de vin blanc léger. Sachant que ce petit vin risque de l'endormir quand même, il commande un grand café noir.

 

Il se met en tête de se rappeler ses rêves de tout à l'heure. Il n'en reste rien. Juste quelques bribes mêlant images et mots dispersés où il était question d'une île et de libellules. Des libellules transparentes.

 

Le tablier blanc et la jupe noire le frôlent en débarrassant.

 

Connaissez-vous l'île des libellules transparentes ? demande-t-il pour plaisanter.

 

Ah oui, répond la jeunette. À vingt minutes par la navette. Mais elle n'intéresse pas grand-monde ; et tous deux se regardent, perplexes, avant qu'elle ne disparaisse avec son plateau.

 

(Extrait de mon livre Aux grands jours, paru l'été dernier.)

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07 février 2021

Rue du lundi

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Nous voilà bien  ! Au milieu des masques  ! Le nez collé contre l'asphalte.

 

Fâcheuse posture  ! Je ne suis pourtant pas seul à lever les yeux, à vouloir les garder ouverts sur les couleurs de l'air, les formes qu'il chérit.

 

Et l'on nous taxe de rêveurs, moi l'incurable des nuages, nous, inconsolables de la terre  !

 

Qui reconnaître  ? Vous, que les dortoirs, les guichets, les pointeuses et les gradins n'ont pas encore avalés  ?

 

Oui, vous, les rescapés du mauvais rêve  ! On vous parle  !

 

Extrait de mon dernier recueil Aux grands jours, Club, été 2020.

(Première publication de ce texte dans L'Alerte joyeuse, Orage-Lagune-Express, 1997.) 

Image © Christian Cottet-Emard